La LIBERATION de CARIGNAN le 7 Septembre 1944

La LIBERATION de CARIGNAN le 7 Septembre 1944

10 mai 1940 – Début de l’offensive allemande :
Les troupes françaises, dont la Cavalerie, qui avaient traversé la frontière belge pour aller contrer l’attaque allemande, sont repassées de l’autre côté de la Chiers le 12 mai au soir. Le lendemain, les premières avant-gardes ennemies pénètrent dans CARIGNAN, s’installent dans les bâtiments de la Filature, en bordure de la rivière.


CARIGNAN sera détruite (photo des ruines de la collégiale), mais restera occupée jusqu’à la libération.


Après le débarquement allié, le 6 juin 1944, la population civile reprend espoir et suit avec ferveur l’avancée des troupes anglo-américaines et de la France Libre. Et pourtant les malheurs pour notre ville ne vont pas cesser pour autant. Le 18 juin, 2 000 soldats allemands encerclent les bois du Banel pour s’emparer des maquisards franco-belges. Huit d’entre-eux seront exécutés, d’autres arrêtés et torturés.
La population sait que 5 jours auparavant plus de 100 jeunes maquisards ont été massacrés aux Manises, près de REVIN. Les Yvoisiens apprennent que les 28 et 29 août, 19 résistants ont été torturés et fusillés par la Milice à SEDAN et FLOING-GAULIER.
Le 21 août, vers minuit, quelques résistants se rendent chez le Maire, Jean COLLE (actuel Centre Jean Jaurès) et, au cours d’une vive discussion, le 1er magistrat est abattu sous les yeux de son épouse et de sa fille.


Le 28 août, une escadrille américaine repère une colonne motorisée allemande qui reflue ; les avions mitraillent le convoi qui s’échelonne le long de la route de BLAGNY ; des balles incendiaires atteignent les bâtiments de la Graineterie DENAIFFE qui seront totalement détruits.
Alors que les armées libératrices approchent de la Cité Yvoisienne (CHARLEVILLE sera libérée le 4 septembre), un groupe de résistants arrête un capitaine de l’armée allemande qui retraite. Une cellule est rapidement aménagée dans les caves de la maison de Maurice DENAIFFE (aujourd’hui, le Groupe Scolaire) pour le prisonnier. Des civils, apprenant cela, fuient la ville et vont se cacher à MATTON, surtout des jeunes car ils ne voulaient pas être pris en otages. La compagnie du capitaine intervient à la Mairie, prennent quelques conseillers municipaux en otages et proposent un marché : la libération du capitaine contre les otages. Le marché est rapidement conclu.
Les résistants libèrent le capitaine qui rejoint ses hommes. Les civils sont relâchés. Il n’y aura pas de représailles.


Le 7 septembre, vers 9 heures, des troupes de soldats arrivent depuis Wé. Ils marchent sans bruits (semelles caoutchoutées, pas de clous), en ligne, de chaque côté de la route, espacés d’une quinzaine de mètres entre chaque GI’s, car ce sont des Américains. Des civils apparaissent devant leurs portes et regardent passer ces soldats dont l’uniforme, le casque leur sont inconnus. De temps à autre, un véhicule qui va devenir célèbre (la jeep) circule entre les 2 files de fantassins avec une radio qui crachote sans cesse. Arrivés au carrefour des 4 coins (intersection Rue Hablot avec Rue Barliban), quelques résistants, dont Jean GLOUTIN, avertissent que les Allemands ont placé une automitrailleuse avec canon devant la Ferme FOURREAUX, près de la Gendarmerie et prennent la route de BLAGNY en enfilade.
Aussitôt, les soldats suivent les résistants par la Rue du Chemin de Fer jusqu’à la Rue Jambon et arrivent devant la Gendarmerie.
Les Allemands les repèrent, tirent deux coups de canon, sans dégâts d’ailleurs, puis s’enfuient en direction de BLAGNY. Les Américains continuent leur marche mais, arrivés à LINAY, alors qu’ils avaient été prévenus que des éléments allemands étaient encore dans les parages, une embuscade leur fut tendue et 2 GI’s furent tués. Les civils étaient sortis. Certains, timidement, accrochaient des drapeaux tricolores, mais on ne croyait pas que c’était fini, que la liberté était retrouvée.


Le lendemain, un convoi incessant de véhicules américains traversa CARIGNAN en ruines, d’ouest en est. Alors là, vraiment, la population rassurée, fit une longue ovation à leurs libérateurs. Georges RENNESSON, Maire de CARIGNAN, qui avait été déchu de son poste par le gouvernement de VICHY en octobre 1940, car membre de la SFIO, reprit son poste (en photo ci-dessous).


Mais la lutte sera encore longue. La guerre se terminera 1 an plus tard dans le Pacifique et CARIGNAN sera reconstruite, le ravitaillement à assurer, la liberté aura un coût.


Merci à Manuel TEJEDO-CRUZ pour ce récit.